HISTOIRE

La Lawe quittant Bethune pour le bas pays

On entend parler pour la première fois de la LAWE lors des origines de la ville de Béthune qui s'est créée dans le quartier de CATORIVE dans une boucle de cette  rivière.

 Les romains avaient l'habitude, lors de leurs conquêtes, d'établir de nombreux forts pour la défense des zones frontières et on peut penser qu'ils s'établirent là dans cette boucle de  rivière alors navigable qui leur servait aussi de protection naturelle.

Grâce à la vie de Saint VAAST on sait que Catorive existait sur la LAWE au 6 eme siécle . Ce religieux , catéchiste de Clovis fut envoyé par Saint REMI pour évangéliser Cambrai et Arras. Il incitat les habitants de Catorive en 502 a construire une église dédiée à la Vierge sur le point culminant Catorive ( actuelle place Pasteur ).

On trouva récemment une piéce de monnaie datant de 940 portant l'inscription de " bitunia " ce qui semble attester que les rives de la LAWE avaient aidé au développement de Catorive pour ce qu'on peut considerer comme l'acte de naissance de BETHUNE.

Ensuite, après  les guerres avec les Normands d'autres malheurs s'abattirent sur la Lawe au XI et XII eme siécle. Des tremblements de terres en 1013, 1080,1086,1093,1094 provoquèrenr des inondations qui detruisirent les cultures  ensemencées et amenèrent des famines....des épidémies ....et la peste

Néanmoins la vie s'était organisée le long de cette rivière qui faisait vivre les habitants.

 Descendaient  la LAWE sur des barques a fond plat : le blé , l'avoine,  des draps , du sable , du gré , et de la chaux venant de la région pour rejoindre par la Lys et l ' Escaut et les villes  de Bruges , Gand , Anvers, Cambrai  et Valenciennes.

Remontaient de ces villes du vin venu de Bruges, du poisson, (hareng et saumon ), de la laine , du sel  et des épices.

La LAWE était un axe incontournable et indispensable à la vie.

Au XII eme siécle Robert  IV oblige que tous les grains récoltés dans le région soient impérativement apportés et exposés pour la vente à Bethune  avant l'embarquement sur les bateaux.

Il en était de même pour les bestiaux et les nefs qui circulaient pouvaient porter 30 tonnes de marchandises.

En 1350 la région est pillée par les Flamands .

En 1450 nous passons sous la coupe du duc de Bourgogne Charles le Téméraire qui renforça et aménagea les digues de la Lawe. 

Ensuite , en 1510 ,  on l' a prolongea  par un canal  sur près d' un kilometre et demi jusqu'a la ville de Béthune ( en bas de la place Joffre actuelle ) afin d'avoir la place pour déposer les marchandises avant leur embarquement.

En 1522 une nouvelle fois la peste sévit.

En 1527 la guerre reprend entre la France et l'Espagne et aux abords   de Catorive on réaménage la riviére de 1528 à 1530 pour les fortifications et en 1551, Marie , gouvernante des Pays Bas ordonne de détruire toutes les maisons des faubourgs de Béthune jusqu'à une distance de 400 pieds des fossés de la place.... et Catorive disparait .

On reparle de la LAWE  le 16 juillet 1709 Lors de la guerre entre la France et la coalition formée par l'Angleterre, la Hollande , la Prusse , et l'Autriche qui ne souhaitaient pas voir un prince Français dur le trône d' Espagne ( Philippe d'Anjou ).

Ce jour là les assaillants détournent la Lawe pour qu'elle ne pénétre plus dans la ville et creusent un canal pour assécher  les douves et les fossés.

Le 14 juillet 1781 , les députés généraux et ordinaires des Etats d'Artois signent un réglement concernant la LAWE depuis ses sorces à Diéval , Rocourt , et Caucourt , jusqu'à la Choque-Bernard Prés de La Fosse et même La Guoigue (!) en Flandres .Ils ordonnent le redressement du tracé, le curage du lit , la taille des arbres aux abords et dans la rivière, la démolition et le réaménagement des moulins.

En 1781, six écluses, ou rabats , permettent la régulation des eaux. Leur entretien est à la charge de la ville  de Béthune ainsi que les travaux du canal et ses abords pour les rivières de la Brette et de la Lawe depuis Gosnay jusqu'à la périphérie. ( document . A.D.N.66j341 :BEGHIN v. 1870 )

Un peu de géographie

La LAWE prend sa source à ROCOURT en l' EAU ( Pas de Calais ) , passe à Magnicourt-en-Comte, Bruay-la-Buissière,Béthune, passe sous le canal d'Aire ( syphon) , Essars les Béthune, Locon, La Couture,Vieille Chapelle, Lestrem, et se jette dans la Lys au niveau de La Gorgue aprés un parcours de 42 kilomètres.

Elle a comme affluents : la Brette , la Biette , la Blanche , le ruisseau de Caucourt, le fossé d'Avesnes et la Loisne.

Entre Béthune et la Lys cette rivière était classée "voie navigable"  . Elle fut déclassée mais fait toujours partie du Domaine de l'ETAT qui en a la charge et l'entretien.

L'altitude a sa source est de 100 m. et celui de   la Lys est  de 13.27 m .Il reste donc 13.27 metres de dénivelée pour rejoindre l 'Escaut  en Belgique , traverser ce pays , passer par la Hollande pour finir a ANVERS dans le WESTERSCHELDE qui méne à la mer du Nord.

L'altitude à la sortie du syphon à ESSARS est de 16.50 m .IL y aurait donc 3.23 metres de dénivelée sur les 10 km de voie domaniale entre Essars et la Lys si VNF laissait couler l'eau NATURELLEMENT.

Le problème est que VNF laisse  en place  des barrages qui ralentissent le courant dans le but de conserver un certain volume d'eau utile à la tenue des berges et aux cultivateurs qui  ont besoin de cette eau pour leurs cultures.

Au barrage de La Gorgue VNF laisse une chute d 'environ 70 centimetres ce qui fait remonter rapidement la rivière a l'altitude de 13.97 .

 En remontant le courant on arrive à l'Ecluse du Rôle ( ou Rault ) sur Lestrem où  il y a  une chute de 30 centimetres, comme à celle du barrage de l'Etroit qui se situe près de l'ancienne cartonnerie de Lestrem.

Sous le Pont Maudit à La Couture il y avait aussi une chute de 30 cm qui devait disparaitre lors de la rénovation de ce Pont dans les années 1980 . Ce qui ne plaisait pas trop au Maire de l'époque, René Dhaisne qui avait donné comme instructions à l'entreprise de laisser  dans le lit des schistes rouges qui avaient été utilisés pour la reconstruction du pont et qui devaient être otés... mais ne le furent jamais...Comme je protestais en mairie contre ces directives , et devant un de ses adjoints, sa seule réponse du Maire fut , avec un sourire jusqu'aux oreilles : " Plus longtemps l'eau reste en amont sur Locon.... meilleur c'est pour La Couture " .Et de ricaner tous les deux ...Les schistes sont toujours là, l'adjoint aussi , sauf Dhaisne qui ne fut plus élu .

Avec ces chutes dont la totalité se monte à 1.30 metres la rivière perd de la vitesse, ce qui évite une trop forte érosion des berges mais qui fait perdre l'avantage de l' "autocurage" car les limons restent dans le lit qui petit a petit s'engorge.

La rivière  n'a donc  plus qu'une pente de 1.93 metre  ( 3.23 de pente naturelle - 1.30 de chutes ) sur moins de 10 kilometres.