Pour prévenir les inondations, les agriculteurs de la FNSEA n’ont qu’une religion : curer les fossés. Dans le Nord, ils ont monté une opération coup de poing pour plaider cette cause.
Ça nous coûte du temps et de l’argent. Mais si on ne le fait pas, personne ne le fera à notre place.
Vingt ans. Vingt ans que le fossé qui entoure la parcelle de Ludovic Bouillet n’avait pas vu l’ombre d’une pelleteuse.
Alors, hier matin, ce représentant de la FDSEA, agriculteur à Bousbecque (métropole lilloise), y est allé gaiement. Lorsqu’il coupe le moteur, l’agriculteur explique : « Aujourd’hui, il s’agit d’une opération nationale de sensibilisation à l’entretien et au curage des fossés. C’est un sujet pris à la légère par tout le monde. Or, les hivers sont de plus en plus pluvieux et il y a de plus en plus d’inondations. Et les fossés qui doivent évacuer les eaux ne sont plus entretenus par les collectivités . »
Pascal Delfortrie, lui aussi agriculteur à Bousbecque, semble un tantinet en colère : « Quand nos champs sont inondés, ils s’en foutent. Tant que les villes ne sont pas inondées, ils n’ont rien à faire des paysans. Alors moi, j’ai décidé une bonne fois pour toutes de m’occuper moi-même du curage des fossés, avec ou sans autorisation. Mais il faut comprendre que ça nous coûte du temps et de l’argent. Mais si on ne le fait pas, personne ne le fera à notre place . »
« Pas le droit de curer comme on veut »
Clément Baron, président des Jeunes agriculteurs Quesnoy-Weppes, en ajoute une couche : « On n’a pas le droit de curer comme on veut, surtout pour préserver la biodiversité. On était sur les autoroutes cet hiver, notamment pour protester contre la lourdeur de l’administration, on y est toujours. Pendant ce temps-là, à côté de chez moi, il y a un cours d’eau pollué par des métaux lourds . »
à Hasnon, près de Valenciennes, une quinzaine d’agriculteurs étaient réunis. « Vous voyez l’état du fossé ? peste Jérémie, agriculteur sur la commune. Après, ça se déverse dans nos champs, qui sont des champs bios… »
« Si tous les fossés étaient entretenus, on aurait moins de problèmes d’inondation, ajoute Nicolas Debrabant, agriculteur à Brillon, dans l’Amandinois, et vice-président à la chambre d’Agriculture du Nord – Pas-de-Calais. C’est important qu’on interpelle les pouvoirs publics. »
D’autres opérations de sensibilisation au curage des fossés ont également eu lieu à Mairieux, Aix-en-Pévèle et Oxelaere.
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