5 M€ pour curer en urgence les canaux gérés par Voies navigables de France
Les travaux devraient se poursuivre jusqu’à fin février et reprendre en septembre. Photo Baziz Chibane
L’État a débloqué cinq millions d’euros pour des travaux d’urgence de dragage dans les canaux gérés par VNF, et permettre un écoulement plus rapide des eaux vers les exutoires à la mer. D’aucuns espèrent qu’il ne s’agit pas d’un coup d’épée dans l’eau. Les premiers travaux ont débuté hier.
prev
RÉGION.
Notre mission n’est pas de protéger les territoires, on fait habituellement du dragage pour permettre la navigation...
Cinq millions à la rescousse.
Entretien des cours d’eau, des canaux… Mille et une questions chez les sinistrés, suscitées par les inondations à répétition dans le Pas-de-Calais, et qui ont fini par entraîner des mesures d’urgence annoncées par Gabriel Attal, à Clairmarais le 9 janvier, avec entre autres, le maintien de la capacité de pompage jusqu’à la fin de l’hiver, une procédure administrative facilitée pour le curage des cours d’eaux, une enveloppe de 5 M€ débloquée pour le dragage des canaux gérés par Voies navigables de France (VNF).
Cinq millions, c’est presque le double de ce qui est engagé chaque année par VNF pour l’entretien de ses voies d’eau dans le Pas-de-Calais et le Nord, soit 2 à 3 M€ sur les 17 M€ pour ses 6 500 km en France. « Ces 5 M€ ont donc été décisifs pour engager ces travaux d’urgence, reconnaît Olivier Matrat, directeur territorial Nord - Pas-de-Calais de VNF. Car notre mission n’est pas de protéger les territoires, on fait habituellement du dragage pour permettre la navigation sur notre réseau grand gabarit, huit milliards d’euros de marchandises y sont transportés chaque année. »
Obstacle à l’écoulement des eaux
Les premiers travaux ont débuté hier dans le canal d’Audruicq où se jettent plusieurs affluents, cette eau s’écoule ensuite dans le canal de Calais, exutoire à la mer. Mais au fil des années, un bouchon s’est formé. « Lors des inondations, des quantités considérables de sédiments ont été drainées et se sont accumulées dans les cours d’eau, les canaux et peuvent être un obstacle pour l’écoulement des eaux », détaille Olivier Matrat.
Les dents de la grue arrachent une quantité de boue noire impressionnante, – non inerte et qui ne peut donc pas servir à l’épandage –, qui sera traitée dans une entreprise spécialisée. Des milliers de mètres cubes de sédiments seront extraits des canaux de Guînes, Ardres et Audruicq ainsi que de la Lys à Merville jusqu’en février, fin de la période de curage, et de l’Aa canalisée entre Watten et Gravelines en septembre pour la reprise.
Un coup d’épée dans l’eau ?
C’est ce que craignent des élus. « Cela fait soixante-cinq ans que le canal d’Audruicq n’a pas été curé, aujourd’hui tout le monde s’étonne qu’il y ait des inondations, gronde Olivier Planque, maire d’Audruicq. J’espère que ce n’est pas un saupoudrage électoral de l’État, avec une grue pour calmer tout le monde et après c’est fini. » Dans l’esprit de la sous-préfète de Calais, Véronique Déprez-Boudier, cela s’inscrit dans la durée : « Aujourd’hui, c’est un démarrage. On a une fenêtre qui s’est ouverte. Dans un deuxième temps, des travaux d’entretien plus importants pourront être entamés. » Travailler dans la continuité… mais la seule extraction des boues des canaux ne suffira pas pour éviter les inondations : rétention des ruissellements, redimensionnement des ouvrages de rejet de l’eau à la mer, font aussi partie de l’équation.