10/31/2024
Depenses inondations
Un an après, « tout est fait pour se préparer à des inondations » Propos recueilli par Aïcha Nouianoui@lavoixdunord.fr Pas-de-Calais. Un après les inondations, le préfet du Pas-de-Calais, Jacques Billant, revient dans une interview à « La Voix du Nord » sur les inondations et ses conséquences. L’occasion de tirer les leçons d’un événement sans précédent sur le territoire. n
– Quel bilan faites-vous de la gestion de crise un an après ? « C’est un total engagement des services de l’État pour être au plus près des habitants. On a fait la démarche d’aller vers , pour coller au maximum aux réalités des bassins-versants. L’État a mobilisé 262 millions d’euros pour accompagner les sinistrés, les entreprises, les agriculteurs, les collectivités, pour renforcer le pompage ou mener les travaux structurants. Est-ce qu’on aura tout réglé fin 2024 ? Non. Mais c’est un travail qui va évidemment se poursuivre. » – Les inondations que le Pas-de-Calais a connues l’hiver dernier risquent-elles de se répéter ? « C’est le risque à chaque période hivernale mais avec le changement climatique, nous ne sommes pas à l’abri de connaître des phénomènes extrêmement violents comme en Espagne. Il y a des enjeux d’adaptation au changement climatique, un plan national est mis en œuvre, le Pas-de-Calais sera un territoire expérimental. » – Les travaux entamés sur le territoire participeront-ils à freiner un tel phénomène s’il venait à se reproduire cet hiver ? « Les travaux structurants sont faits pour adapter notre territoire et minimiser les épisodes d’inondations que nous pourrions subir. Nous avons été confrontés à un phénomène exceptionnel, dépassant les occurrences centennales qui sont des références extrêmes. Il était important de réparer les ouvrages fragilisés grâce à des travaux d’urgence. Au total, 633 opérations ont été financées par l’État, il s’agissait d’enlever les embâcles des cours d’eau, procéder au curage ou réparer des digues, consolider les berges. Et nous sommes allés plus loin avec 174 travaux structurants, des endiguements pour protéger des quartiers, la création de zones d’expansion de crues. C’est aussi approfondir des curages comme dans le Calaisis, où 25 000 m 3 ont été curés depuis janvier, il y a encore 20 000 m 3 qui vont l’être, ça représente cinq piscines olympiques. Ces travaux structurants représentent 44 millions d’euros de travaux. » – Le coût d’adaptation au réchauffement climatique est colossal, dans ce cadre, le fond Barnier va passer de 75 à 300 millions d’euros. Le rachat des maisons par l’État risque-t-il de s’accélérer à l’avenir ? « On l’a vu à Blendecques, avec des maisons sinistrées, rachetées sur un site particulièrement vulnérable. À ce stade, ces rachats partaient d’une démarche volontaire des sinistrés. Il y a des enjeux de recomposition urbaine. Il faut recenser les zones difficiles à protéger ou qui pourraient servir à protéger d’autres quartiers. Ce sont des choix qui ne peuvent pas se faire rapidement car ça demande quelques analyses. » – Craignez-vous que des zones entières deviennent inhabitables ? « On fait tout pour aménager le territoire en termes de gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations avec l’accélération des travaux menés en 2024. Est-ce que tout a été fait pour se prémunir des inondations ? Non. Mais c’est en cours. Nous portons collectivement un plan de travaux pour 2025. On gère notre aménagement du territoire pour construire là où on peut vivre et là où on peut être protégés en prenant en compte les réalités historiques des événements d’exceptionnelle intensité que l’on a connus, et qui sont peut-être amenés à se reproduire. » – Des sinistrés sont toujours en proie à des difficultés, notamment en raison d’une indemnisation défaillante, que pouvez-vous leur dire aujourd’hui ? « Aujourd’hui, huit sinistrés sur dix ont été indemnisés par leurs assurances. Il y a donc encore des situations problématiques. Nous appréhendons toutes les situations qui restent dramatiques. C’est pourquoi sur chaque dossier sans réponse, le sous-préfet à la reconstruction, va faire le lien entre ces sinistrés, France assureurs et les assurances. Il y a aussi des gens qui ont quitté leur logement et qui ne sont jamais revenus. L’État a rallongé la prise en charge du relogement via le fonds d’aide au relogement d’urgence à un an. On priorise ça. » Les propriétaires pourront finalement être expropriés Un an après les inondations inédites qui ont frappé le Pas-de-Calais, le préfet Jacques Billant, veut enlever tous les freins à la réalisation de zone d’expansion de crues (ZEC) partout où cela sera nécessaire « au nom de l’intérêt généra l », précise-t-il. « Beaucoup de collectifs de sinistrés nous ont fait état de travaux prévus qui n’ont pas été réalisés. » Le préfet pointe notamment des ouvrages qui n’ont jamais été réalisés en amont de la Liane. Ces derniers étaient pourtant consignés dans le PAPI (programme d’actions et de prévention des inondations) depuis 2017. « Évidemment, il faudra discuter, négocier pour indemniser mais si ça n’aboutit pas, on soutiendra les collectivités , précise Jacques Billant. Ce ne sont pas des décisions faciles à prendre. Il y a un accompagnement des élus pour ça. Pour mener à bien des ouvrages, il faut être maître du foncier. » |
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