inondations du 20 juin02023

La Lawe monte : le désherbage est lancé, l’agglo n’attendra pas l’avis du préfet 

PAR ISABELLE [e-mail]

La Lawe avant la pluie: déjà bien haut, le lit du cours d’eau est envahi par les herbes. Puis la Lawe après l’orage.

L’orage de mardi soir a fait monter les eaux à travers le Béthunois. La semaine dernière, le faucardage tardif imposé par la réglementation avait soulevé des craintes qui se justifient d’autant plus aujourd’hui. 



BÉTHUNOIS.
Raymond Gaquère, plus fort que Nostradamus ? La semaine dernière, évoquant avec nous les contraintes imposées par l’État en matière de désherbage des rivières (le faucardage), le vice-président de la communauté d’agglomération Béthune-Bruay, en charge de la lutte contre les inondations, prophétisait : « En cas d’orage, on sera pris… »
Si on avait eu l’autorisation plus tôt,  la Lawe aurait été à 60cm plus bas. 
Mardi, ça n’a pas manqué, et même si tous les débordements ne sont pas imputables à la Lawe, le Béthunois a eu les pieds dans l’eau. S’il fallait trouver un motif de soulagement, il rappelle que le faucardage, lancé le 15 juin, était fait « sur la Loisne Ouest, sinon à Labourse ç’aurait été la catastrophe ! »
Mais hier, l’homme était en colère contre la procédure imposée par la loi : pour préserver les frayères, le faucardage n’a donc pu démarrer qu’au 15 juin et doit s’étaler jusqu’au 15 juillet. Avant de lancer le bateau à lame sur un tronçon du cours d’eau, un dossier doit être envoyé en préfecture pour validation, ce qui peut prendre du temps. Mais ça, c’était vrai jusqu’à l’orage de mardi… « Là, on passe au-dessus, sans attendre le retour du préfet, c’est facile de dire non et de nous laisser gérer les emmerdes ! Si on avait eu l’autorisation plus tôt, la Lawe aurait été à 60 cm plus bas. On n’aurait pas tout empêché mais on aurait limité la casse. »




FINI LA SEMAINE PROCHAINE ?


Le faucardage sur les 41 km de cet affluent de la Lys va donc être relancé depuis Lestrem où il s’était arrêté net il y a quelques jours, l’USAN ayant suspendu les opérations côté Nord. En fait, « on commence par les bouchons d’herbes repérés ici et là, le reste suivra. L’eau est montée », ça gêne le bateau qui ne peut suivre pour l’instant le fil de l’eau en continu. Il a prévenu la préfecture de la manœuvre, certes, mais n’attendra pas son aval. « Je ne veux pas revivre le même événement ! »


À Locon, les riverains des Bas-Chemin Nord et Sud seront ravis de l’apprendre. Denis Charlet est l’un d’eux et la Lawe passe au bout de son jardin. Déjà qu’il désespère de voir réapparaître les palplanches qui empêcheraient la Lawe de grignoter son jardin, il attend un faucardage en urgence, photos à l’appui. « Quand il est fait, le niveau est au moins un mètre en dessous. Avant c’était fait deux fois, en mai puis pendant les vacances parce que les herbes poussent vite. » Ce que Raymond Gaquère nous a expliqué la semaine dernière : avant le serrage de boulons de la préfecture en 2022, qui avait puni l’agglo de faucarder trop tôt en lui infligeant une amende de 20 000 €, l’usage faisait que le désherbage était bouclé pour la fin mai.


« Il y a la sécurité et l’environnement, à un moment il faut trancher en essayant de concilier les deux », résume le vice-président à l’agglo. Nouer un dialogue fructueux et assoupli avec l’État sera l’enjeu des prochains mois.