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11/26/2024

Hydrologie régénérative

« Chacun peut déjà chercher   à connaître le nom de la rivière qui coule près de chez lui »  

Charlène Descollonges, ingénieure hydrologue, s’est imposée comme l’une des voix défendant   une hydrologie régénérative. Elle était le grand témoin des 6 e Assises de l’eau organisées à Lens   ce jeudi 14 novembre par l’Agence de l’eau Artois-Picardie. Entretien.   par christian canivez  

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[size=20]Qu’est-ce que l’hydrologie régénérative ?

« L’hydrologie régénérative vise, à l’échelle des bassins versants, la résilience des territoires face aux inondations, aux sécheresses et à l’érosion des sols. Elle a pour objectif de ralentir la goutte de pluie, de l’infiltrer et de la répartir dans les paysages.

Pour cela on travaille sur l’eau, les sols et les arbres, au niveau des rivières, de l’agriculture, des forêts mais aussi des villes. On s’appuie sur les dynamiques du vivant pour être plus efficace et plus résilient. On n’est pas obligé de curer, de stocker, de canaliser ».

Revenir à des solutions où on laisse faire la nature, c’est revoir entièrement notre mode de pensée qui visait à la domestiquer…

« Oui c’est une véritable révolution, un changement culturel d’ampleur. La vision de l’homme qui doit contrôler la nature pour faire face aux crises, cette vision de la peur doit évoluer vers une vision de la confiance, qui nous remet aussi à notre place d’espèce vivante parmi les espèces vivantes.

L’humain doit gagner en humilité. Et le mot humus en est la racine… Il n’est pas plus fort que la Nature en tout cas ».

Les solutions que vous préconisez, sur le long terme, sont-elles adaptées à l’urgence climatique ?

« On peut avancer assez vite sur l’eau de pluie et son cheminement. Il y a des aménagements de court terme, plantations de haies, couverts végétaux, préservation des zones humides, qui se révèlent vite efficaces.

Pour les sols et les forêts, c’est sûr que ce sera plus long. Face aux événements que nous venons de connaître et que nous connaîtrons de plus en plus, on peut aussi rapidement créer des espaces de dialogues, organiser la concertation. On peut agir en allant chercher les sceptiques, les indécis et ne pas rester sur un public de convaincus.

En s’appuyant sur les expériences, on convainc plus facilement. Un agriculteur qui parle aux autres agriculteurs, c’est efficace ! »

Qu’est-ce que le citoyen peut faire, rapidement, à son échelle ?

« Il peut déjà chercher à connaître le nom de la rivière qui coule près de chez lui ! Se demander d’où vient l’eau, qui la gère, quel est son prix. Il peut aussi se questionner sur son modèle alimentaire, renouer des liens avec les producteurs près de chez lui, relocaliser son alimentation, ses achats.

L’empreinte eau d’un Français s’élève à 5 000 litres par jour si l’on considère tout ce qu’il consomme. La demande appelant l’offre, plus les citoyens seront engagés, plus les agriculteurs le seront également ».

Quels sont les principaux freins aux solutions que vous avancez, fondées sur la nature ?

« Le premier frein est économique. Accepter que l’eau coûte plus cher n’est pas simple. Et puis il y a aussi le foncier. Il faut compenser les pertes en terres de production pour que le modèle économique soit soutenable, garantir aux agriculteurs qu’ils seront payés au juste prix ».

Vous êtes plutôt optimiste ?

« Je suis pessimiste sur les évolutions à court et moyen terme sur le climat. De nombreux territoires ne sont pas prêts à vivre les événements extrêmes auxquels nous allons être confrontés. Ils n’en ont pas saisi les enjeux, n’ont pas la capacité à encaisser les chocs et les traumatismes.

Mais je suis optimiste sur notre capacité à être plus résilient, à nous adapter. »

Charlène Descollonges est l’autrice d’ Agir pour l’eau, le manuel citoyen, chez Tana Edition 2024, 160 pages, 14,90 €.


[size=17]Depuis leur création en 1964, quelles grandes étapes les Agences de l’Eau ont elles connues ?

André Flajolet : « Le premier grand pas est cette loi fondatrice de décembre 1964 répondant au principe que l’eau paie l’eau. Les Agences sont de fait financées par de la redevance. Les comités de bassin sont créés dans la foulée.

Le deuxième grand pas à mes yeux est la Loi Barnier de 1992, dont l’article 2 stipule que « l’eau est le bien commun de la Nation ». Une phrase socle. L’eau est clairement considérée comme un patrimoine commun. Cette loi est essentielle car elle institue les schémas directeurs d’aménagement et de gestion des eaux (les SDAGE) et les schémas d’aménagement et de gestion (SAGE), outils de planification et de gestion, qui sont les véritables « parlements » de l’eau dans les territoires. La transposition en droit français de la directive européenne sur l’eau, en 2004, est aussi une étape fondamentale.

C’est la loi mère de toutes les directives à suivre concernant l’eau et les milieux naturels. »

L’Agence Artois-Picardie a souvent été à la pointe…

« D’emblée, notre agence a pris à bras le corps la gestion des pollutions industrielles de l’eau, ce qui était la mission initiale des agences. Les pollutions domestiques et agricoles ont suivi.

Aujourd’hui le défi est de réconcilier l’Homme et la Nature, d’agir sur l’eau et la biodiversité et d’œuvrer pour des solutions fondées sur la nature. Notre agence a eu le courage, très rapidement, de mettre des redevances à la hauteur des enjeux, répondant aux problèmes rencontrés et aux réponses apportées.

La mise en place chez nous d’avances remboursables a été une innovation. L’Agence Artois-Picardie se distingue aussi car elle est la seule du pays dont le bassin est entièrement couvert par des SAGE opérationnels . »

Comment expliquer ces réussites ?

« Le bassin était confronté aux plus gros problèmes de pollution des eaux du pays. Et l’on a très vite compris que nos seules ressources en eau sont souterraines.

Dès 1964, avec le monde industriel, nous avons su travailler en partenariat. Nous avons su tirer dans le même sens urbain et rural, riches et pauvres. L’acceptabilité de la redevance a été ici déterminante ».

Un regret et une fierté ?

« Mon principal regret est que les représentants des comités de bassin n’ont pas de statut, cela n’aide pas dans le partenariat avec le préfet. Jouer sans-cesse les variables d’ajustement du budget pour Bercy est un autre regret…

Côté satisfaction, le déblocage dans l’urgence de 30 millions d’euros pour les sinistrés des inondations en 2023 est une vraie fierté pour l’Agence. Il était important d’être là à ce moment-là ».
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11/17/2024

LA HEM ET SYPHON

Au bord de la Hem, un panneau « révèle un problème connu de tous »… ce qui passe mal  

C’est l’histoire d’un panneau qui dit tout sur le parcours ubuesque de la Hem.  La rivière parle à la première personne, non sans humour, de son détour à contre-courant  dans le canal de Calais. Mais dans la vallée de la Hem, ça ne fait rire personne. 
 
Audruicq.
Un panneau planté dans les herbes hautes, à quelques encablures de l’écluse d’Hennuin à Audruicq, peut sembler anodin à bien des égards. Mais il ne l’est pas. Il raconte l’absurde, le chemin tortueux de la Hem, un affluent de l’Aa. Sur l’écriteau, la rivière y évoque à la première personne son périple vers la mer.
Ce panneau révèle un problème connu  de tous, on le met sous nos yeux et on décide pourtant de laisser  les choses comme ça. 
« ne l’auraient-ils
pas un peu cherché ? »
« Ce sont les hommes qui ont la tête à l’envers (…) Impossible de rejoindre directement la mer. Depuis je remonte le canal à contre-courant, en face de vous. Pendant trois kilomètres ! Que voulez-vous ? À présent, j’embête parfois les hommes. Je sors de mon lit. Ne trouvez-vous pas qu’ils l’ont un peu cherché ? »
Jusqu’à la fin des années 80, la Hem passait dans un siphon sous le canal de Calais pour alimenter le Mardyck, qui rejoignait l’Aa à Saint-Folquin, et se jetait à la mer. Mais en 1989, lors de l’agrandissement du canal de Calais et la construction de l’écluse d’Hennuin, « ils ont cassé mon siphon, ils ne l’ont pas reconstruit ! », dit le panneau. Depuis, la Hem fait un détour de l’écluse d’Hennuin et remonte à rebours le canal de Calais avant de rejoindre l’Aa à Ruminghem pour s’écouler gravitairement jusqu’à Gravelines.
Selon les Voies navigables de France (VNF), « le siphon n’a pas été cassé, il était l’objet d’envasement, précise Gilles Ryckebusch, directeur territorial Nord et Pas-de-Calais. Des études montraient à ce moment-là que la meilleure façon de sécuriser l’écoulement de l’eau c’était un aménagement en rebroussement. C’était à l’époque la moins mauvaise solution. »
Un humour qui ne passe pas
Dans le bassin-versant de la Hem, on rit jaune. « Ce panneau révèle un problème connu de tous, on le met sous nos yeux et on décide pourtant de laisser les choses comme ça. C’est une forme de provocation, trouve Allan Turpin, président de Stop inondations et maire d’Andres. Et le panneau le dit avec humour en plus. »
À Recques-sur-Hem, village régulièrement inondé, un tiers des maisons ont été touchées il y a un an lors de ces crues centennales, c’est la deuxième commune la plus touchée après Blendecques.
Le maire Gérard Louguet n’a donc pas tellement envie de rire. « La longueur du chemin qu’on fait prendre à la Hem, à contre-courant, freine l’écoulement de l’eau et son évacuation à la mer, regrette-t-il. Le canal va en descendant et la Hem doit remonter pour aller dans l’Aa. »
Arnaud Gauthier, hydrogéologue et professeur à l’université de Lille, travaille sur une étude concernant les inondations qui touchent régulièrement Recques-sur-Hem, située comme Polincove à l’aval du bassin-versant, dans une sorte d’entonnoir. Selon lui, le flux de la rivière qui remonte à contre-courant, « s’oppose au flux naturel de l’eau. C’est un frein hydraulique. Et donc un facteur aggravant pour ces communes. » En raison de la topographie de la commune, « l’écoulement de l’eau est déjà très faible, signale Arnaud Gauthier et donc si vous adjoignez l’écoulement lent lié à la perte du siphon, quand il y a un flux d’eau trop important, le surplus se répand dans les champs et les maisons. »
La question du siphon doit s’ancrer dans une vue d’ensemble selon VNF, « ce sujet sera remis sur la table quand on aura avancé sur le reste, souligne Olivier Matrat. Il y a énormément de points où il faut apporter davantage de sécurité. On a vécu un événement exceptionnel, qui arrive tous les 200 ans. Ce n’est pas encore identifié comme une priorité par rapport à tout ce qu’il y a à faire. »

10/31/2024

Depenses inondations


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Un an après, « tout est fait pour   se préparer à des inondations »  

Propos recueilli par Aïcha Nouianoui@lavoixdunord.fr


Pas-de-Calais. Un après les inondations, le préfet du Pas-de-Calais, Jacques Billant, revient   dans une interview à « La Voix du Nord » sur les inondations et ses conséquences.   L’occasion de tirer les leçons d’un événement sans précédent sur le territoire. 

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– Quel bilan faites-vous de la gestion de crise un an après ?

« C’est un total engagement des services de l’État pour être au plus près des habitants. On a fait la démarche d’aller vers , pour coller au maximum aux réalités des bassins-versants. L’État a mobilisé 262 millions d’euros pour accompagner les sinistrés, les entreprises, les agriculteurs, les collectivités, pour renforcer le pompage ou mener les travaux structurants. Est-ce qu’on aura tout réglé fin 2024 ? Non. Mais c’est un travail qui va évidemment se poursuivre. »



– Les inondations que le Pas-de-Calais a connues l’hiver dernier risquent-elles de se répéter ?

« C’est le risque à chaque période hivernale mais avec le changement climatique, nous ne sommes pas à l’abri de connaître des phénomènes extrêmement violents comme en Espagne. Il y a des enjeux d’adaptation au changement climatique, un plan national est mis en œuvre, le Pas-de-Calais sera un territoire expérimental. »



– Les travaux entamés sur le territoire participeront-ils à freiner un tel phénomène s’il venait à se reproduire cet hiver ?

« Les travaux structurants sont faits pour adapter notre territoire et minimiser les épisodes d’inondations que nous pourrions subir. Nous avons été confrontés à un phénomène exceptionnel, dépassant les occurrences centennales qui sont des références extrêmes. Il était important de réparer les ouvrages fragilisés grâce à des travaux d’urgence. Au total, 633 opérations ont été financées par l’État, il s’agissait d’enlever les embâcles des cours d’eau, procéder au curage ou réparer des digues, consolider les berges. Et nous sommes allés plus loin avec 174 travaux structurants, des endiguements pour protéger des quartiers, la création de zones d’expansion de crues. C’est aussi approfondir des curages comme dans le Calaisis, où 25 000 m 3 ont été curés depuis janvier, il y a encore 20 000 m 3 qui vont l’être, ça représente cinq piscines olympiques. Ces travaux structurants représentent 44 millions d’euros de travaux. »



– Le coût d’adaptation au réchauffement climatique est colossal, dans ce cadre, le fond Barnier va passer de 75 à 300 millions d’euros. Le rachat des maisons par l’État risque-t-il de s’accélérer à l’avenir ?

« On l’a vu à Blendecques, avec des maisons sinistrées, rachetées sur un site particulièrement vulnérable. À ce stade, ces rachats partaient d’une démarche volontaire des sinistrés. Il y a des enjeux de recomposition urbaine. Il faut recenser les zones difficiles à protéger ou qui pourraient servir à protéger d’autres quartiers. Ce sont des choix qui ne peuvent pas se faire rapidement car ça demande quelques analyses. »



– Craignez-vous que des zones entières deviennent inhabitables ?

« On fait tout pour aménager le territoire en termes de gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations avec l’accélération des travaux menés en 2024. Est-ce que tout a été fait pour se prémunir des inondations ? Non. Mais c’est en cours. Nous portons collectivement un plan de travaux pour 2025. On gère notre aménagement du territoire pour construire là où on peut vivre et là où on peut être protégés en prenant en compte les réalités historiques des événements d’exceptionnelle intensité que l’on a connus, et qui sont peut-être amenés à se reproduire. »



– Des sinistrés sont toujours en proie à des difficultés, notamment en raison d’une indemnisation défaillante, que pouvez-vous leur dire aujourd’hui ?

« Aujourd’hui, huit sinistrés sur dix ont été indemnisés par leurs assurances. Il y a donc encore des situations problématiques. Nous appréhendons toutes les situations qui restent dramatiques. C’est pourquoi sur chaque dossier sans réponse, le sous-préfet à la reconstruction, va faire le lien entre ces sinistrés, France assureurs et les assurances. Il y a aussi des gens qui ont quitté leur logement et qui ne sont jamais revenus. L’État a rallongé la prise en charge du relogement via le fonds d’aide au relogement d’urgence à un an. On priorise ça. »






Les propriétaires pourront

finalement être expropriés


Un an après les inondations inédites qui ont frappé le Pas-de-Calais, le préfet Jacques Billant, veut enlever tous les freins à la réalisation de zone d’expansion de crues (ZEC) partout où cela sera nécessaire «
au nom de l’intérêt généra
l », précise-t-il.

«
Beaucoup de collectifs de sinistrés nous ont fait état de travaux prévus qui n’ont pas été réalisés.
» Le préfet pointe notamment des ouvrages qui n’ont jamais été réalisés en amont de la Liane. Ces derniers étaient pourtant consignés dans le PAPI (programme d’actions et de prévention des inondations) depuis 2017.

«
Évidemment, il faudra discuter, négocier pour indemniser mais si ça n’aboutit pas, on soutiendra les collectivités
, précise Jacques Billant.
Ce ne sont pas des décisions faciles à prendre. Il y a un accompagnement des élus pour ça. Pour mener à bien des ouvrages, il faut être maître du foncier.
»